Le débat fait rage sur le plan national autour du thème des retraites. Voilà bien un sujet qui concerne l'ensemble des monsois. En effet, jeunes ou seniors, nous sommes tous curieux du devenir des retraites de nos concitoyens.
Le ministre du travail, Xavier Darcos, a récemment annoncé qu'il "faudra travailler plus longtemps" afin de financer les retraites, ce qui a soulevé une levée de boucliers chez les socialistes et nous avons pu entendre les réactions primaires et gratuites les plus démagogiques.
Répartition ou capitalisation ?
Savez-vous exactement comment fonctionne le régime de retraite et à quoi correspondent les cotisations sur votre fiche de paie ?
Je vais commencer par briser un mythe cher aux syndicalistes et socialistes qui cherchent à faire peur aux concitoyens : il est impossible de transformer un système de retraite par répartition en un système par capitalisation. Ainsi, nul besoin de craindre que la France abandonne l'actuel système par répartition, dans lequel les cotisations prélevées sur les salaires des actifs financent les pensions versées la même année aux retraités. On a coutume de dire qu'il s'agit de la solidarité nationale.
Sommes-nous tous égaux face à la retraite ?
Il est bien évident que nous ne sommes pas tous égaux face à la retraite. Il existe trente-sept régimes de retraites différents en France qui sont gérés par des organismes tels que RATP, MSA, Banque de France, etc... autant de régimes qui multiplient les réflexes corporatistes et sanctuarisent les injustices.
Bien que le gouvernement socialiste ait accordé la retraite aux personnes âgées de 60 ans ayant le nombre d'année requis, l'âge officiel permettant de faire valoir ses droits à la retraite reste et demeure 65 ans.
Or, la France est un des pays où l'âge moyen de départ en retraite est le plus bas avec 58,8 ans pour les hommes et 59,2 ans pour les femmes.
Le pacte entre générations est aujourd'hui soumis à des contraintes démographiques inexorables, ce qui fait dire à notre ministre "à partir de 2010, une retraite sur dix ne sera plus financée dans la fonction publique". En 1945, un tiers seulement des français bénéficiait d'un régime de retraite. Aujourd'hui, les citoyens sont amenés à vivre en retraite pendant deux, voire trois décennies. En 2000, les plus de 60 ans étaient 12,6 millions et seront près de 25 millions en 2050. Il y aura alors 80 personnes de plus de 60 ans pour 100 personnes d'âge actif. Ne rien faire, comme l'exigent les fantassins de l'immobilisme, c'est porter à la charge de la génération née après 1970, moins nombreuse, plus soumise qu'autrefois au risque du chômage et de la précarité, le soin de payer la santé et les retraites d'une génération qui a bénéficié de carrières longues, a connu des conditions de travail moins pénibles et qui a décidé, cerise sur le gâteau, de fixer l'âge de la retraite à 60 ans. A contrario, les autres états européens, confrontés aux mêmes problèmes, ont relevé à 65 voir 67 ans pour le Danemark l'âge légal du départ à la retraite.
Une harmonisation urgente
À cette inéquité entre générations se superpose une incroyable inéquité entre retraités eux-mêmes. Pour prendre la mesure de l'inégalité, il suffit de faire un calcul : pour un euro de cotisation versée durant la vie active, combien d'euros de pensions reçus pendant la durée de retraite ? (ce calcul a été fait par Jacques Bichot, économiste, professeur à l'université de Lyon III, ancien membre du Conseil de surveillance de la caisse nationale d'Assurance Vieillesse , Un plan pour sauver nos retraites, Sauvegarde Retraites, janvier 2006). Là où l'ouvrière de 60 ans, à la carrière incomplète pour avoir élévé deux enfants, perçoit 1,04€ pour 1€ cotisé, un modeste employé de la Banque de France, pouvant prendre sa retraite à 55 ans, touche 2,42 € pour un euro cotisé. Là où une infirmière à la carrière incomplète perçoit 1,83€ pour un euros cotisé, un cadre de la SNCF ayant cumulé 32 années validées et prenant se retraite à 55 ans perçoit 3,16 € pour un euro cotisé. Dans une certaine mesure, et c'est bien la réalité perverse d'un système de retraite par répartition, ce sont bien ceux qui ont subi des métiers pénibles, dangereux, et moins payés qui paient la retraite de ceux qui ont été les mieux payés, se sont arrêtés tôt et ont connu les métiers physiquement les moins éprouvants.