Extrait du numéro de décembre 2003 du Socialiste Standard
Il est clair que l’invasion de l’Irak a été essentiellement provoquée par le désir du capitalisme occidental de contrôler les approvisionnements pétroliers de ce pays. Mais le Moyen-Orient n’est pas la seule région à disposer de telles ressources, et d’autres puissances capitalistes sont désireuses de mettre la main sur toutes les ressources énergétiques possibles.
La Chine, par exemple, était autrefois fière de son industrie pétrolière, avec « Dans l’industrie, apprenez de Daqing », faisant référence à un célèbre gisement de pétrole, faisant partie d’un slogan omniprésent à l’époque maoïste. Depuis 1993, cependant, il est un importateur net de pétrole et importe désormais 30 pour cent de ses besoins. Les gisements existants sont sur le point de s’épuiser et, selon une estimation, d’ici 2020, au moins la moitié du pétrole dont elle a besoin devra être importée. Cela pose problème aux dirigeants chinois, tant en termes de coût que de sécurité des approvisionnements.
D’où l’intérêt d’explorer et d’exploiter le bassin du Tarim, vaste zone située à l’extrême ouest de la Chine, à proximité de la frontière avec le Kirghistan (voir Revue de Pékin, 9 octobre). Il s’agit à la fois de pétrole et de gaz, pouvant atteindre 6 milliards de tonnes pour le premier et 8 000 milliards de mètres cubes pour le second. La production pétrolière est déjà en cours, mais c’est le gaz qui suscite actuellement l’intérêt. Un gazoduc, long de plus de 4 000 kilomètres et coûtant des milliards de dollars, est prévu pour transporter le gaz naturel de Tarim jusqu’à la région de Shanghai, sur la côte est de la Chine. Mais même cela ne permettra probablement que de fournir trente ans d’approvisionnement en gaz.
Entre-temps, les ressources pétrolières de la Russie sont également devenues un sujet de controverse. La région d’Angarsk, près d’Irkoutsk, sur les rives du lac Baïkal, est au centre d’un gisement pétrolier important, et les dirigeants russes, relativement à court d’argent, y voient une ressource qu’ils peuvent vendre en échange de devises. Cependant, il est peu probable que la quantité de pétrole qui s’y trouve soit suffisante pour justifier l’utilisation d’un seul pipeline pour le livrer à des clients potentiels. Il y a donc une ruée pour savoir où ce pipeline devrait aller. La Chine, bien entendu, souhaite qu’elle aille à Daqing afin de pouvoir satisfaire ses propres besoins en pétrole.
Mais le Japon a une autre idée, un pipeline vers Nakhodka, qui se trouve à l’extrême est de la Russie, juste en bas de la côte de Vladivostok et face au Japon. Le Premier ministre japonais s’est rendu à Moscou en janvier de cette année et le pipeline était l’un des points à son ordre du jour. Et les États-Unis, non contents de s’emparer du pétrole irakien, ont leurs propres yeux sur ce qui se passe : un pipeline dans la direction opposée jusqu’à Mourmansk, près de la frontière entre la Russie et la Finlande, pourrait conduire à l’exportation du pétrole vers les États-Unis.
Derrière toute cette diplomatie se cachent deux enjeux, outre celui général de l’accès à l’énergie. La première est la diversification des approvisionnements, afin que les problèmes dans une région n’entraînent pas une réduction drastique de la disponibilité du pétrole ou du gaz. La Chine, par exemple, considère le Kazakhstan comme un autre fournisseur potentiel, et une entreprise chinoise y explore déjà. Le Japon importe actuellement près de 90 % de son pétrole de la région du golfe Persique, ce qui n’est pas une situation saine pour les capitalistes japonais. L’autre problème est de chercher à empêcher un pays rival de dominer l’approvisionnement en pétrole dans une région particulière. Le Japon, une fois de plus, ne veut pas que la Chine contrôle la part du lion du pétrole en Asie de l’Est. Tout pays se trouvant dans une telle situation de domination aurait très probablement le dessus sur ses concurrents.
La disponibilité et l’utilisation judicieuse de l’énergie constituent un enjeu pour toute société. Mais sous le capitalisme, les questions de stratégie et de rivalité internationale l’emportent de loin sur les préoccupations environnementales et autres. Nous ne pouvons pas prédire s’il y aura une guerre pétrolière en Asie centrale ou orientale dans un avenir proche, mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une région du monde à surveiller de très près.
Paul Bennett
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