Avec une dizaine de guerres actives dans le monde et le réarmement du monde, l’industrie mondiale de l’armement doit être prise en compte lorsqu’on parle de changement climatique et de destruction de l’environnement en général. Cependant, dans un monde où les soi-disant partis « verts » participent à l’industrie de l’armement et parlent même parfois le langage de cette industrie, la connexion est souvent perdue. Ce texte ne doit pas négliger les immenses souffrances humaines causées directement par la guerre. Bien qu’il y ait suffisamment de raisons de promouvoir la paix sans cet aspect, parler de dommages environnementaux ajoute une autre dimension indirecte. La neutralité climatique ne peut être atteinte que par la paix et la coopération au niveau international.
La guerre a une énorme empreinte écologique et le greenwashing de celle-ci est ridicule. Un exemple de tentative honteuse de greenwashing est la fabrication d’un char électrique (militaire) à Flensburg, en Allemagne. La production d’un tel char consomme à elle seule d’énormes ressources et tout le concept d’un « e-tank » est une parodie du mouvement climatique, qui historiquement a clairement fait partie du mouvement pour la paix. Les guerres neutres en équivalent dioxyde de carbone (CO2eq) sont des fantasmes sans aucune base scientifique. Même si un réservoir pouvait être produit de manière climatiquement neutre, il n’en reste pas moins un instrument de destruction. Les bâtiments civils sont également toujours détruits et leur construction nécessite des ressources.
Empreinte militaire
L’empreinte exacte de l’armée n’est pas claire. S’il s’agissait d’un pays, le Pentagone serait à lui seul parmi les dix premiers pollueurs mondiaux compte tenu de ses émissions. Cela signifie que l’on peut facilement dire que l’ensemble de la machine de guerre, sans même tenir compte des coûts de destruction par des actes de guerre, est une cause majeure du changement climatique et qu’il n’y a pas de véritable voie vers la neutralité climatique. Le nouveau cap de l’Allemagne en est exemplaire puisque le pays s’est longtemps vanté de son « leadership climatique » affirmé. S’il conserve toujours son image d’État environnemental, la réalité montre des priorités différentes.
Comment rester dans les limites de l’Accord de Paris avec un objectif de 2 % du PIB pour l’OTAN n’est pas seulement flou parce que le gouvernement actuel ne peut pas présenter de stratégie verte ; c’est de toute façon également impossible. Soit nous nous en tenons à l’accord de Paris spécifique, qui est en fait contraignant, soit nous nous en tenons à l’objectif non contraignant de 2 %. C’est un simple compromis, car prétendre viser les deux est absurde. Un fait qui est malheureusement illustré par les réponses à une enquête parlementaire de DIE LINKE, qui jettent un doute sérieux sur l’existence d’une telle tentative.
Le gouvernement allemand n’a pas pu répondre à cette question : « Quelle évolution de la consommation annuelle d’énergie et des coûts énergétiques le gouvernement fédéral prévoit-il dans le cadre de la réalisation de l’objectif de 2 % de l’OTAN ? Dans le même ordre d’idées, ils ont abordé l’objectif d’un carburant neutre pour le climat, affirmant que cela n’est que partiellement possible, mais ont surtout ignoré le fait que la production de chars, de drones, etc. à elle seule est associée à d’énormes coûts environnementaux. Il n’y avait tout simplement pas de réponse concernant l’empreinte écologique de la production. Il a plutôt été souligné que les fabricants ne sont pas obligés de fournir des informations sur la consommation des ressources, mais que des informations volontaires pourraient apporter aux fabricants des avantages commerciaux. Il n’y avait même pas de réponse à la question de la consommation d’énergie en service actif. Plutôt que de supposer que l’armée n’est tout simplement pas au courant, il est probable que de telles statistiques n’existent pas exprès. D’autant plus que le Pentagone, par exemple, connaissait déjà le changement climatique dans les années 1980. Et, une fois que nous examinons les estimations des chercheurs, l’argument de l’ignorance volontaire devient plus fort.
Mike Berners-Lee estime les émissions directes de la guerre en Irak (2003-2009) à 250-600 millions de tonnes de CO2eq (Berners-Lee). Cela représentait jusqu’à huit mois de la consommation totale du Royaume-Uni. Il est clair que les coûts directs ne peuvent pas être facilement calculés, et la méthodologie ne fournit pas une estimation fondée des coûts indirects. On peut cependant supposer que la guerre actuelle n’est pas plus neutre pour le climat. Étant donné que les chiffres sont difficiles à obtenir, nous ne pouvons que spéculer. Il est juste de supposer que les dépenses militaires se traduisent par des émissions plus élevées par dollar que la plupart des autres dépenses. Si les émissions allemandes moyennes sont d’environ 0,18 kg par dollar, les émissions minimales de son armée en 2021 seraient d’au moins 9,1 millions de tonnes par an (Verteidigungsministerium).
Le budget militaire supplémentaire de 100 milliards d’euros en réaction à l’invasion russe se traduit par un minimum de 19,34 millions de tonnes d’émissions de CO2eq supplémentaires. Les chiffres semblent insensés, tout comme les effets prévisibles. Adieu, planète habitable ! Nous devons donc à nouveau interroger les gouvernements sur la compatibilité de l’objectif de 2% et de l’Accord de Paris.
Le changement climatique lui-même est un déclencheur de guerres (Lagi, Bertrand, Bar-Yam) et, en même temps, les guerres sont l’un des plus grands fardeaux sur le climat. Plus que jamais, il est donc important de travailler avec constance à la construction de la paix. L’usage des armes alimente la spirale de la souffrance. La durabilité a plus que jamais besoin de paix. La politique climatique peut également être l’occasion de rétablir le rôle d’une politique de paix, qui, après avoir été oubliée, a énormément souffert l’année dernière en raison d’un discours très unilatéral de politique de puissance uniquement. •
Note de l’auteur : Ici, il est irrespectueux d’opposer les victimes des guerres à la souffrance et à la mort des personnes dues au changement climatique, d’autant plus que la guerre et le changement climatique sont interdépendants et qu’il n’y a aucune preuve tangible que des armées plus importantes conduisent à plus de paix, bien au contraire, même si la pollution de l’environnement n’était pas pertinente.
Les références:
Cet article a d’abord été publié sur le transformer! L’Europe site Internet.
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